Logos et Littera – Journal of Interdisciplinary Approaches to Text
ISSN: 2336-9884
Issue 11 – December 2025
Outre les trois plus grands écrivains yougoslaves du XXe siècle, ses « ancêtres littéraires » qu'il a
mentionnés à plusieurs reprises (voir par exemple Kiš 2010i,156; Kiš 2010n, 145), Kiš a également
souligné un type particulier d'influence - qui lui venait de sa famille.8
C'est pourquoi, pour de nombreuses raisons, l'engagement de Kiš dans la littérature comparée était
un choix juste et tout à fait naturel, et il a répondu à cette grande tâche, à cette vocation et à cette
passion–avant tout avec son travail littéraire, mais aussi avec son travail de traduction (qui est consi-
déré comme une question clé, la base de la littérature mondiale, depuis la Weltliteratur de Goethe).
Disons cependant qu'au cours des dernières décennies, il est devenu nécessaire de répondre à la
question de savoir ce que signifie aujourd'hui ce terme (« littérature mondiale »), comment il doit être
défini dans le contexte contemporain et quelles sont les nouvelles méthodes, les chemins et les objec-
tifs possibles pour ceux qui l'abordent d'une manière ou d'une autre.
Parmi les premières à soulever ces questions, on trouve la célèbre critique littéraire Pascale Casanova
à la fin du siècle dernier, dans son ouvrage « La République mondiale des Lettres » (Casanova
1999).L'auteure a largement abordé les subtilités de la littérature mondiale.
Danilo Kišest l'un des noms les plus fréquemment mentionnés dans cet ouvrage (Casanova 1999, 15,
46, 47, 48n., 59, 64, 132, 136-137, 145, 157-158, 162-164, 183, 189, 191, 229-230n., 242, 249, 272,
8
Nous commencerons par le personnage de sa mère, le « bon ange » de sa vie et de sa littérature, qui lui a sauvé la vie
dans l'enfance en le baptisant, lui et sa sœur, dans l'Église chrétienne orthodoxe, car c'était le seul moyen pour le garçon,
qui était juif du côté de son père, de ne pas finir comme son père, qui a été emmené et a disparu sans laisser de trace.Bien
qu'il considère l'attitude de sa mère envers la littérature comme naïvement sentimentale, Kiš a déclaré dans des interviews
qu'elle aimait lire, raconter des histoires,et connaissait par cœur de nombreux poèmes, lyriques, épiques et ceux avec un
mélange d’éléments épiques et lyriques. Et s'il y avait un trou dans sa mémoire quelque part, elle le comblait en improvisant
ses propres solutions poétiques. Il note également que sa mère n'a jamais pleinement maîtrisé la langue hongroise, alors
elle lui lisait des poèmes et lui racontait des histoires dans sa langue maternelle, « pour combler sa terrible solitude » (Kiš
2010n, 18, traduit par l'auteure de cet article8)Il y a une autre raison aussi: « Elle a fait cela, je crois, afin de préserver
quelque chose de sa tradition en moi, afin que, m'étant éloigné de ma langue maternelle, je ne m'éloigne pas également
d'elle.» (Kiš 2010l, 18)Et c'est dans cette même langue que Kiš écrivit ses œuvres jusqu'à la fin de sa vie.Sa mère, une
Monténégrine de Cetinje, « soupirait sur les poèmes du prince et poète monténégrin Nicolas Ier » (Kiš 2010n, 16) et l'une
de ses traductions de Chateaubriand a grandement influencé sa compréhension de la littérature, « qui était romantique,
comme chez tous les amateurs » (Kiš 2010n, 17).
Parlant de son oncle, l'historien Risto Dragićević, qui a étudié à Belgrade et à Cracovie, auteur d'écrits historiques sur le
Monténégro et d'études sur souverain et grand poète Petar II Petrović Njegoš - Kiš ajoute: "Pendant mes années de lycée
à Cetinje, sa bibliothèque, dont l'apogée était constituée de lexiques et d'encyclopédies, sera pour moi une source des
paysages oniriques de Baudelaire: Le Petit Larousse, édition de 1923, avec ses estampes et planches en couleurs, "je
sème a tout vent", ils sèmeront en moi les graines d'une dangereuse curiosité." (Kiš 2010n, 19).
Aussi, dans ses textes et ses interviews, Danilo Kiš mentionne que le cousin de sa mère était un héros célèbre dont l'œuvre
a une signification historique, littéraire, ethnographique et éthique. C'est le duc monténégrin Marko Miljanov, l’auteur de
livre « Primjeri čojstva i junaštva », un homme qui s'est alphabétisé tardivement, mais qui a réussi à consigner des
« exemples d'humanité et d'héroïsme ».
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10.31902/LL.11.2025.4
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